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 Thématique générale

Les crises font partie intégrante du processus entrepreneurial (Xu et al., 2021)[1]. Aucune trajectoire de création d’entreprise ne fait exception : des obstacles se présenteront, plus ou moins grands, qu’il faudra dépasser et dont certains se transformeront en crises qu’il faudra gérer. Une perte de légitimité du fondateur, un marché moins réceptif que prévu, une capacité de production affectée, des défections parmi le personnel, des forces concurrentielles plus puissantes que prévu, des changements dans les législations, des évènements extérieurs comme une guerre ou une pandémie ou encore conjoncturels comme une crise financière : les motifs de crises ne manquent pas et leur ampleur varie, de même que le contrôle que peut exercer l’entrepreneur ou le gestionnaire sur ces dernières.

Les crises ont historiquement ponctué l’évolution de l’économie, mais également plus largement celle de l’humanité. À ce titre, comme nous l’a rappelé récemment la crise de la COVID-19, notre monde contemporain n’est pas à l’abri de nouvelles crises (Sharma et al., 2022)[2] et l’on peut même penser qu’il est entré dans un nouveau cycle où les évènements auront tendance à s’accélérer. On pense évidemment avant tout à la crise climatique et aux catastrophes annoncées : montée des océans, migrations de masse, pénuries d’eau, rendements agricoles diminués pour nourrir une population sans cesse croissante, entre autres, sans compter toutes les problématiques qu’on ne peut prédire et qui peuvent rapidement prendre des proportions mondiales dans une économie globalisée, comme l’a montré la crise de la COVID-19.

Certes, le contexte de crise climatique représente la nouvelle normalité avec laquelle les entreprises devront composer. Mais les motifs de crise ne s’y limitent pas. Qu’on pense par exemple à la révolution actuelle de l’intelligence artificielle (IA). Même si l’on entend des voix s’élever pour un développement responsable de l’IA, bien malin qui peut prédire le sens dans lequel évolueront les applications de l’IA, dont les capacités sont déjà hallucinantes, et avec quelles conséquences. On nous prédit la disparition de certains métiers, voire de certains secteurs d’activités, avec des impacts majeurs sur les emplois et les problématiques sociales qui en découleront. Comment l’entrepreneuriat et la PME devront-ils s’adapter (Obschonka et Audretsch, 2020)[3]?

À cela s’ajoutent des crises qui deviennent structurelles par leur permanence et notre incapacité collective à les gérer : crises migratoires face à des populations qui fuient la guerre, la violence chronique, la misère, les conséquences du réchauffement climatique; crises de la main-d’œuvre à cause notamment du vieillissement de la population, mais aussi des politiques d’immigration dans plusieurs pays industrialisés ou, paradoxalement, crise de l’emploi dans des économies mornes et gangrénées par la corruption dans d’autres pays; montées des extrémismes un peu partout sur la planète et radicalisation des discours envers l’autre et la différence; montées des taux d’intérêt, des prix à la consommation; crise du logement; crises relatives à la rareté croissante de bon nombre de ressources naturelles (p. ex., les semi-conducteurs) appelées à se multiplier, etc.

Si l’on revient à la notion même de crise, cette dernière ne renvoie pas seulement à un évènement, mais bien plutôt à un processus (Roux-Dufort, 2007)[4]. Une crise est ainsi précédée par un élément déclencheur qui passe parfois inaperçu, suivi de petites conséquences et évènements successifs qui conduisent à une fragilisation progressive. Par exemple, au départ de la crise de la COVID-19, le problème était circonscrit à Wuhan, en Chine, avec peu sinon pas d’impact sur nos modes de vie occidentaux. Le problème restait circonscrit et semblait relativement sous contrôle… avant que la situation ne dégénère. La crise est donc précédée par un « avant » constitué de signaux faibles précurseurs qui, s’ils sont ignorés, mal interprétés ou mal gérés, conduiront alors à une crise dont l’ampleur sera généralement plus grande que la situation initiale. C’est le cas encore de la COVID-19 lorsque le virus a commencé à se répandre en Chine, puis dans d’autres régions du monde avec des impacts que l’on connaît parmi lesquels des arrêts de production, de circulation, et même de la vie sociale et des conséquences bien au-delà de l’aspect purement sanitaire.

Une vision processuelle de la crise implique donc un « avant », un « pendant » et un « après », où l’on est supposé, le terme est choisi à dessein, apprendre de ce qui a été vécu, tirer les leçons et tenter de s’adapter pour le futur. Qu’a-t-on vraiment appris collectivement de la crise de la COVID-19 et qu’avons-nous fait concrètement pour ne plus que ce genre de situation se produise (Krishnan et al., 2022)[5]? Ceci étant dit, le propre des crises est également d’être difficilement prévisibles, au sens où elles apparaissent généralement là où on ne les attend pas. Ainsi, les plans de crise peuvent être efficaces, mais ils sont loin d’être infaillibles. Comment, dès lors, se préparer au contexte permanent de crises qui s’annoncent et dont certains signes précurseurs ont été évoqués plus haut (Devece et al., 2016; Reilly, 1993)[6]?

Les crises interpellent aussi bien l’entrepreneur que le propriétaire de PME. Quelles stratégies, quelles compétences personnelles et organisationnelles développer pour y faire face? Comment enseigner l’entrepreneuriat et la gestion de PME pour s’y préparer (Pattinson et Cunningham, 2022)[7]? Quelles crises en particulier sont susceptibles d’impacter le plus la création d’entreprises et la survie des entreprises existantes? Quels nouveaux modèles d’affaires se montrent prometteurs pour faire face à ces crises? Et comment modifier les modèles d’affaires existants pour s’adapter? Quels tensions et paradoxes les crises font-elles émerger et comment les gérer? Quelles sont les conséquences des crises sur la santé mentale des entrepreneurs? Sur la performance financière des PME?

Mais la crise n’a pas qu’une connotation négative (Jones et Murtola, 2012)[8]. Comme le laissent voir plusieurs contributions d’un numéro thématique spécifiquement sur la crise de la COVID-19 dans la Revue internationale PME (RIPME), les crises peuvent aussi constituer des occasions d’affaires pour les entrepreneurs en devenir et représenter des moments propices pour les entreprises pour se réinventer (Janssen et al., 2021)[9]. L’approche écosystémique est aussi mobilisée pour analyser les situations de crise et comment elles peuvent influencer les activités entrepreneuriales et le développement économique (Theodoraki et al., 2023)[10]. À la suite de ces contributions, dans quelles circonstances les crises représentent-elles des opportunités d’affaires ou de changement dans les entreprises existantes? Par quels mécanismes les entrepreneurs se saisissent-ils de ces opportunités?

Si le contexte de crises est appelé à devenir permanent, comme les signes précurseurs peuvent le laisser penser, comment la recherche en entrepreneuriat et PME est-elle appelée à s’adapter? Quelle(s) conceptualisation(s) de la notion de crise circulent? Dans une perspective critique, en quoi les crises conduisent-elles à questionner l’entrepreneuriat et la PME, qui ont parfois une responsabilité dans leur émergence? En quoi ce contexte de crises interpelle-t-il les cadres théoriques établis du champ? Quelles nouvelles approches théoriques permettraient de mieux prendre en compte un tel contexte? Et par quelles approches méthodologiques aborder les nouveaux objets de recherche que le contexte de crises fait émerger[11]?

Les chercheurs issus des communautés de recherche francophones sur la PME et l’entrepreneuriat sont invités à soumettre des propositions de communications qui pourront relever des sous-thématiques suivantes (cette liste n’étant pas exhaustive), et dans la mesure du possible en fonction de la thématique traitée, mettre en avant l’articulation avec la thématique générale du contexte permanent de crises :

-    Approches théoriques, méthodologiques et épistémologiques de la notion de crise;

-    Transformation numérique responsable;

-    Entrepreneuriat international, internationalisation et relocalisation;

-    Écosystèmes entrepreneuriaux;

-    Gestion des risques et des crises;

-    Transformation des modèles d’affaires;

-    Éducation et accompagnement en entrepreneuriat;

-    Transmissions et reprises;

-    Marketing durable;

-    Croissance, stratégies de financement et gouvernance;

-    Entrepreneuriat scientifique, gestion de l’innovation;

-    Innovations sociales et management alternatif;

-    …

 

Trois formats de soumissions sont proposés :

-    Communication en session générale;

-    Table ronde;

-    Sessions thématiques.

Parallèlement, un consortium doctoral est organisé la journée précédant le congrès (voir l'appel pour le Consortium doctoral).



[1] Xu, Z., Wang, X., Wang, X., & Skare, M. (2021). A comprehensive bibliometric analysis of entrepreneurship and crisis literature published from 1984 to 2020. Journal of Business Research135, 304-318.

[2] Sharma, G. D., Kraus, S., Liguori, E., Bamel, U. K., & Chopra, R. (2022). Entrepreneurial challenges of COVID-19: Re-thinking entrepreneurship after the crisis. Journal of Small Business Management, 1-23.

[3] Obschonka, M., & Audretsch, D. B. (2020). Artificial intelligence and big data in entrepreneurship: A new era has begun. Small Business Economics55, 529-539.

[4] Roux‐Dufort, C. (2007). Is crisis management (only) a management of exceptions? Journal of contingencies and Crisis Management15(2), 105-114.

[5] Krishnan, C. S. N., Ganesh, L. S., & Rajendran, C. (2022). Entrepreneurial interventions for crisis management: Lessons from the Covid-19 pandemic's impact on entrepreneurial ventures. International Journal of Disaster Risk Reduction72, 102830.

[6] Devece, C., Peris-Ortiz, M., & Rueda-Armengot, C. (2016). Entrepreneurship during economic crisis: Success factors and paths to failure. Journal of Business Research69(11), 5366-5370.

Reilly, A. H. (1993). Preparing for the worst: The process of effective crisis management. Industrial & Environmental Crisis Quarterly7(2), 115-143.

[7] Pattinson, S., & Cunningham, J. A. (2022). Entrepreneurship in times of crisis. The International Journal of Entrepreneurship and Innovation23(2), 71-74.

[8] Jones, C., & Murtola, A. M. (2012). Entrepreneurship, crisis, critique. In Handbook of Organizational Entrepreneurship (pp. 116-133). Edward Elgar Publishing.

[9] Janssen, F., Tremblay, M., St-Pierre, J., Thurik, R., & Maalaoui, A. (2021). L’entrepreneuriat et la PME à l’heure de la Covid-19... et après. Revue internationale PME34(2), 6-12.

[10] Theodoraki, C., Audretsch, D.B., & Chabaud, D. (2023). Advances in entrepreneurial ecosystem and places: Time, space and context. Special issue editorial. Revue de l’Entrepreneuriat, (HS2), 11-25.

[11] Shulga, O., Nechyporuk, L., Slatvitskaya, I., Khasanov, B., & Bakhova, A. (2021). Methodological aspects of crisis management in entrepreneurial activities. Academy of Entrepreneurship Journal27, 1-7.

 

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